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Les FORGES et MOULINS à FER du NIVERNAIS

Portail d'entrée des Forges de Guérigny


La sidérurgie dans le Nivernais
Le Nivernais est le pays du fer, et cette activité dont la naissance remonte ici aux débuts de l'âge du Fer (800 à 900 avant J.C), sous l'impulsion des CELTES, brillants forgerons qui ont apporté de l'Est la maîtrise de ce nouveau métal.

Les Gaulois étaient donc déjà d'habiles forgerons du temps de la guerre des Gaules. Autour de Bibracte devaient déjà exister quelques ateliers spécialisés. En l'absence de tout document, de tout vestige significatif, on ne peut en dire plus sur le sujet.

C'était trois siècles seulement avant le début de ROME et il faut savoir que ce sont nos forgerons qui ont enseigné plus tard aux Romains l'art de travailler ce nouveau métal qui allait largement supplanter tous les autres.

C'est la faute à Colbert
Dès 1659, Colbert qui était secrétaire du Cardinal de Mazarin, visita le Nivernais en vue de son acquisition.
Il apprécia, à cette occasion, les ressources métallurgiques de la région.
Aussi, lorsqu'en 1661, il devint ministre, il se souvint de cette visite pour alimenter les besoins des arsenaux et la rénovation de notre marine.
Au nom de l'Etat, il décide donc d'affermer de nombreuses forges nivernaises.

C'est ainsi qu'entre le 17éme siècle et jusque vers 1840 / 1860, ce ne sont pas moins de 30 hauts-fournaux et une centaines de forges qui contribuèrent de façon importante à la production métallurgique française.

Mais c'est également dans la Nièvre que sont mises en oeuvre des innovations capitales pour la métallurgie comme le forgeage des ancres de marine au martinet ou l'affinage des fontes à la houille.

Ancre marine exposée à Ecuisses le long du Canal du Loing


Les conditions, il est vrai, sont particulièrement favorables dans le nivernais, puisque se trouvent réunis les trois éléments essentiels à cette activité :
- le terrain jurassique décalcifié offrait un excellent minerai à fleur de terre,
- les vastes forêts fournissent du charbon de bois en abondance,
- et l'eau apportée par plusieurs rivières dont la Nièvre et l'Ixeure permettent le traitement du minerai et fournissent la force motrice pour le fonctionnement des forges.

Au XVIè siecle, Guy Coquille signale d'ailleurs dans son Histoire du Pays et Duché de Nivernois que " ces contrées sont commodes aux forges, tantà cause des petites rivières, dont elles abondent, qu'à cause des bois et des minerais ».

On trouve encore dans les bois du canton de St Benin d'Azy les traces de ces mines antiques. (voir la page sur Saint Benin)


Les petites forges des Amognes
- le Fourneau d'Azy
Situé sur le ruisseau de Sauvry, il appartenait au Comte de Prye . On y fondait les minerais de la Jarnosse, de Limon et du Bois d'Azy. Vers 1770, il produisait 250 tonnes par an. Par la suite, du fait du comblement de l'étang et du manque d'étanchéité du terrain constitué d'un sable argileux, il ne fonctionnait guère que 2 à 3 mois par an. En 1810, sa production n'était que de 50 tonnes de gueuses et l'exploitant : le sieur Castain , était contraint à la faillite. Repris par le propriétaire, le sieur Brière d'Azy , ce fourneau produira 75 tonnes en 1813. Une machine à vapeur y fut installée en 1841, pour suppléer au manque d'eau : chute possible de 11 m, avec roue de 8 m de diamètre. A cette époque, il utilisait les mines de Brosse, Limon et Sarazin en mélange avec des minerais du Berry. Il put produire alors 300 tonnes de fonte d'affinage mais arrêtera sa production en 1887.

- la Forge de Valotte
Elle existait dès 1627, date à laquelle elle appartenait à un sieur Gascoing. Léonor Brière d'Azy l'acheta en 1840. Elle comportait un feu de mazerie et 2 petits feux d'affinerie, une soufflerie à soufflets et un martinet. Une soufflerie à piston remplaça un peu plus tard 2 groupes de soufflets en bois. La chute avait un dénivelé de 4 m, avec un débit faible mais régulier qui permettait à l'usine de tourner toute l'année. Elle pouvait produire, vers 1840, 60 tonnes de petits fers et aciers par an et consommait 250 tonnes de charbon de bois pour ce faire. Elle utilisait les fontes du fourneau d'Azy, distant de 2 km.

- la forge des Gamards
Son nom qui signifie ( petites crevettes d'eau douce ), était celui de ses propriétaires de l'époque.
Cette petite forge comportait un feu de mazerie et 2 feux d'affinerie, à l'aide de soufflets en bois à liteaux et charnières, et d'un martinet.

- la forge de la Guesne ou Guienne
Elle appartenait Monsieur Léonor Brière d'Azy etcomprenait un feu de Mazerie, 2 feux de forge, une soufflerie à cylindre et un martinet.

- la forge du Paillot
Ces forges appartenaient au Comte du Bourg, avant de devenir la propriété de M. Brière d'Azy.

Les bois de Sauvry produisaient du minerai, qui alimenta, un temps le haut fourneau de Druy, sur le Gravot ; mais sa teneur en phosphore donnait des fers cassants et son utilisation fut bientôt abandonnée.

Un recensement de 1815, dénombre 190 ouvriers occupés pendant le quatrième trimestre de 1814, dans les 2 fourneaux et les 8 affineries de Saint Benin d'Azy, La Fermeté et Limon. A la fin du XIXe siècle, le manque de main-d'oeuvre, la difficulté d'écoulement provoquée par la concurrence de la grosse industrie, contribuèrent peu à peu à la disparition presque complète des industries locales du fer, de la fonte et de l'acier.

Les principaux centres de production
Au 19éme siècle, vient s'ajouter à l'activité des établissements traditionnels, celle de grandes usines métallurgiques qui favorisent le développement des communes de La Machine, Fourchambault et d'Imphy.

Mais à la fin du 19éme siècle, l'apparition de nouveaux centres sidérurgiques et métallurgiques dans des régions encore mieux dotées en minerai de charbon comme : la Lorraine, le Nord ou le bassin stéphanois, vont entraîner le déclin rapide des sites de production nivernais.

La Nièvre ne gardera alors qu'une activité résiduelle à Guérigny et Imphy ne se maintiendra qu'au prix d'un effort constant d'innovation pour aujourd'hui être spécialisée dans les aciers spéciaux.


Les forges d'Imphy
S'il est difficile d'établir A quand remonte la forge d'Imphy, un document, extrait du registre paroissial de 1637, nous atteste de cette réalité : " le vingt-deuxième jour de novembre mil six cent trente-sept a esté baptizé Jacques Ville, fils de Pierre Ville, forgeron, demeurantà la forge d'Imphy et de Jeanne Belle Noue. A esté parrain Jacques Vallet, martelleur de la dicte forge et marraine Charlotte Vernelle ».
Une forge existait donc déjàà cette époque et sans doute depuis au moins le XVIè siecle.
Enfin, une pièce en argent, datée de 1587, découverte le 24 février 1912 par un ouvrier employéà la démolition de la levée de l'étang des aciéries d'Imphy vient renforcer cette hypothèse.

Les Usines d'Imphy


Au XVIIè siècle, Imphy travaillait pour le roi avec la fabrication des ancres de marine. "il y a un ancrier payé par le Roy à raison de 100 livres par mois. Il y a 18à 20 ouvriers, suivant la grosseur des pièces, payés par quinzaine au despends du Roy.".

Mais dès 1694, le ministre écrivaità son agent dans le Nivernais : "Il faut que vous réduisiez les ouvrages, le Roy n'ayant plus besoin d'ancres."

La forge continua cependantà vivoter puis revint à ses propriétaires, d'abord Marie Casimire de la Grange d'Arquian, puis à ses successeurs.

Quelques réalisations récentes
- La Tour Eiffel repose sur seize blocs en acier moulé réalisés aux forges d'Imphy.
- Une montre sur deux fabriquée dans le monde dans les années 1960 contenait des spiraux en alliage d'Imphy.
- Le réflecteur laser envoyé par l'U.R.S.S. sur la lune le 17 novembre 1970, comprenait une plaque d'Invar, alliage fabriqué à Imphy.
- l'alliage du train d'atterrissage du Concorde a été étudié et réalisé à Imphy.
- un poste téléphonique sur trois dans le monde contient des alliages d'Imphy.

Dans les année 1980 Imphy était la plus grosse entreprise du département, avec plus de 2000 employés, une métallurgie spécialisée dans les techniques les plus avancées.


Les forges de Guérigny
Pierre Babaud de la Chaussade est né à Bellac le 27 septembre 1706 et mort à Paris le 12 août 1792.
Maître de forges, il développa et fit des forges royales de Guérigny une manufacture parmi les plus importantes de France jusqu'à la première moitié du XXe Siècle.

Pierre Babaud de la Chaussade

Rachetées par l'Etat en 1782, une ordonnance royale leur conserve le nom de "Forges de la Chaussade" en reconnaissance pour les services rendus à la France par Pierre Babaud.
Elles ont comme vocation principale les fabrications pour la Marine d'ancres et de chaînes ; on leur doit notamment les ancres (15 tonnes de fonte chacune) du légendaire paquebot "France".

L'Etablissement a poursuivi son activité sur le site de Villmenant jusqu'en 1971.

Les Forges de la Chaussade à Guérigny et leur gazogène

Les bâtiments du site industriel du Vieux Guérigny, construits aux XVIIIe et XIXe siècles, inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, sont l'objet d'importants travaux de restauration menés par la ville de Guérigny et par l'association "Les Amis du Vieux Guérigny".

Fondée en 1975, cette association se propose de sauver de la ruine des bâtiments industriels chargés d'histoire et présentant un intérêt architectural indéniable, tout en rendant un hommage particulier aux ouvriers du fer et du feu qui ont, pendant près de deux siècles, travaillé en ces lieux au service de la Marine.

Elle a constitué une collection de documents anciens, d'outillages, de spécimens de fabrication pour la Marine et de reproductions photographiques qu'elle présente chaque année lors d'expositions relatives à l'archéologie industrielle sur des thèmes spécifiques.


Les forges de Fouchambault
Le minerai de fer transporté par le canal latéral à la Loire provient essentiellement de la région de Dun-sur-Auron (Cher).
Il est acheminé par bateau sur le canal de Berry pour approvisionner les sites métallurgiques, comme celui de Fourchambault, établi en 1821 par Pierre Boigues...
Les ateliers communiquent directement avec le port de Loire par le Riot.
La proximité du canal latéral ainsi que les recherches d’Emile Martin, responsable de la fonderie et des ateliers de construction à partir de 1824, ont permis à l’établissement de Fourchambault de remporter de nombreux marchés nationaux et même au-delà (en Angleterre notament).
localement : une passerelle courbe à Briare en 1829 et un pont-canal sur la Vouzance en 1835, des tuyaux de fonte pour des aqueducs en 1839, la grue du port de Laugère à Charenton-du-Cher en 1880, les ornements du pont-canal de Briare en 1890-1896, des ponts métalliques, des portes d’écluses...
En effet, les premières recherches françaises concernant les ponts-canaux métalliques semblent avoir été réalisées dans les usines de Fourchambault où la connaissance de la fonte et le souci constant de perfectionnement d’Emile Martin sont des atouts majeurs.
Le débarcadère sur la Loire de Fourchambault en face du canal de GivryCe pont-canal sera réalisé par la fonderie de Fourchambault entre 1832 et 1835.
C'est ainsi qu'en 1830, le directeur général des Ponts-et-Chaussées et des Mines, J. Berarel, adopte la bâche en fonte proposée et dessinée par Emile Martin pour la traversée de la Vouzance à Molinet (Allier).
Si bien qu'en 1840, Fourchambault est devenu l'établissement industriel le plus important de France. Mais la sidérurgie s'éteint en Val d'Aubois progressivement dans les années 1860-1870.
L'établissement prendra le nom de "fonderie Magnard", puis "fonderie Durand" et fermera en 1901, avant d'être transformé en musée, bien plus tard, au 54 quai de Loire.
Merci à l'association des Amis du canal de Givry


La reprise du flambeau
Un exploitant de charbon de bois (Jean-Christophe LEGER) est d'ailleurs installé dans les bois de "la Mouille" à St-Benin d'Azy !

Cet artisanat millénaire perdure au fil des siècles en Nivernais avec des fortunes diverses qui l'ont conduit à devenir à une certaine époque une industrie d' importance nationale à laquelle l'exploitation du charbon, trouvé à proximité, a apporté un second souffle.

La méthode ancestrale du "bas-fourneau" qui atteignait facilement les 1200°, permettait de fabriquer de "l'acier sauvage" directement en utilisant un four de brique, recouvert de terre glaise non ferreuse.

Cette belle histoire est bien trop riche pour que nous puissions même la résumer ici, mais ceux d'entre vous qui voudraient en savoir plus pourront consulter avec profit quelques articles parus dans les ANNALES du PAYS NIVERNAIS * et ne pourront manquer de visiter les expositions sur le sujet qui se tiennent régulièrement à Guérigny.
A. Vagne et P. de Haut.

BIBLIOGRAPHIE LOCALE :
* Annales du Pays Nivernais (la CAMOSINE)
n° 23 & 24 de 1979
n° 33 & 34 de 1982
Forges et Forgerons du Berry et du Nivernais (Raymond ROBIN)
Revue annuelle : " Le marteau-Pilon " publiée depuis 1989.


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